Incontournable
article | Temps de Lecture3 min
Incontournable
article | Temps de Lecture3 min
Découvrez à partir du 21 septembre 2024 le trésor de la chapelle Saint-Piat de la cathédrale de Chartres, après 7 ans de restauration !
Étroitement lié à l’histoire religieuse et politique, le trésor de Notre-Dame de Chartres est une « collection » vivante rythmée au fil des siècles par des dons, des saisies, des destructions, en particulier à la Révolution.
Aujourd’hui, il est un trésor « recomposé » constitué du trésor historique, mais surtout d’enrichissements postérieurs, jusqu’à nos jours. Ainsi, de nombreux dépôts notamment de communautés religieuses ou encore du musée du Louvre, ainsi que des acquisitions, ont intégré récemment la collection.
Si, contrairement aux années 1970, la fameuse relique du voile de la Vierge ou Sancta Camisia est exposée dans une chapelle du chœur, Notre-Dame reste au cœur de la nouvelle muséographie. C’est ce dont témoigne la statue de Vierge à l’Enfant qui accueillera les visiteurs.
La Sainte-Châsse qui abritait la relique mariale sous l’Ancien Régime est quant à elle évoquée par une gravure de Nicolas de Larmessin (1632-1694), réalisée au XVIIe siècle, mais aussi par le voile de sainte Irène, un textile de grand luxe qui enveloppait le voile de la Vierge dans la Sainte-Châsse.
La relique est également présente grâce à divers objets arborant la forme d’une chemisette, motif présent à de multiples reprises dans la cathédrale, notamment parce qu’il devint l’emblème du chapitre à partir du XVIe siècle. "À la Vierge, honneur et dévotion", comme l’attestent notamment plusieurs objets offerts en ex-voto à Notre-Dame de Chartres.
Parmi les plus remarquables œuvres du trésor à redécouvrir, on peut citer un ensemble d’armures royales médiévales, témoin d’une des vertus majeures du voile de la Vierge, celle de protéger les soldats dans les combats.
Parmi les autres objets exceptionnels : des colliers de coquillages, ou wampums, offerts au XVIIe siècle par deux tribus d’Amérique du Nord, les Hurons et les Abénaquis. Évangélisées par des missionnaires français parmi lesquels le Père Martin Bouvart, originaire de Chartres, ces tribus se mirent sous la protection de la Vierge de Chartres à laquelle elles adressèrent ces précieux présents qui, selon la tradition de ces tribus, viennent sceller tout accord de nature diplomatique. Une chemisette d’argent fut offerte en retour par le chapitre de Chartres.
Sont également exposés des parements liturgiques rares, certains conservés depuis l’Ancien Régime, composés de satin, velours, damas, lampas, dentelles, gros de Tours, pierreries, etc.
L’orfèvrerie dédiée à la vie liturgique de la cathédrale est représentée depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours, notamment grâce à quelques œuvres de l’orfèvre Goudji qui, depuis les années 1990, a créé divers objets liturgiques pour l’édifice.
Parmi les pièces majeures se distingue le tabernacle dit de Saint-Aignan. Il trône désormais au centre de la chapelle Saint-Piat afin que les visiteurs puissent admirer cette châsse d’émaillerie limousine presque unique au monde puisqu’un seul exemplaire du même type est connu, aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum de New-York.
L’année 2023 a vu l’acquisition auprès d’un marchand d’art d’une plaque émaillée provenant de cet objet chartrain.
Au côté des objets traditionnellement présents dans un trésor (reliquaires, vases sacrés, ornements liturgiques…), la nouvelle présentation fait la part belle à la sculpture.
Elle intègre notamment, déposé par le musée du Louvre, l’unique retable d’Ancien Régime de la cathédrale Notre-Dame de Chartres préservé jusqu’à nos jours. À la Révolution, il est envoyé à Paris pour enrichir le Musée des monuments français d’Alexandre Lenoir. Revenu à Chartres trois siècles plus tard, il permet d’évoquer la vie liturgique de la cathédrale qui donne sens à l’ensemble des œuvres exposées dans la chapelle Saint-Piat.
Le trésor s’enrichit également de deux ensembles majeurs de sculptures monumentales médiévales provenant de la cathédrale. Il s’agit de six statues-colonnes et de quatre colonnettes du Portail royal déposées dans les années 1970.
Le second ensemble, tout aussi exceptionnel, provient du jubé du XIIIe siècle détruit à partir de 1763 et retrouvés dans le sol de la cathédrale au XIXe siècle. Les visiteurs peuvent ainsi redécouvrir les grands reliefs relatant la Nativité du Christ, mais aussi deux rosaces provenant du parapet du jubé, dont une a récemment pu être reconstituée grâce à la restitution à l’État d’un fragment sculpté.
La présentation est complétée par l’évocation de la structure architecturale du jubé, grâce à un ensemble de deux colonnes à chapiteaux richement sculptés et conservant d’importants vestiges de polychromie.