Histoire
article | Temps de Lecture7 min
Construite au XIIIᵉ siècle, la cathédrale de Chartres symbolise le passage de l’architecture romane à l’architecture gothique. Partez à la découverte d’un édifice dont la beauté élancée a inspiré architectes et poètes !
Les tours de la cathédrale de Chartres, reflets splendides du mouvement gothique
Avant Notre-Dame de Chartres, les premiers édifices
Il faut bien le dire : l’histoire de la cathédrale de Chartres est jalonnée d’incendies !
Mais commençons par le tout premier bâtiment établi à cet emplacement. Construit entre le IVe et le VIe siècle, il porte le nom de « cathédrale d’Aventin », du nom d’un évêque de Chartres.
Au VIIIe siècle, Hunald Ier, duc d'Aquitaine et de Vasconie, conduit ses troupes de Wisigoths à l’assaut de la ville. La raison de cette attaque ? Il conteste le partage du royaume franc suite au décès de Charles Martel en 741. Et puisque Pépin le Bref, héritier de ce dernier, a envahi l’Aquitaine, Hunald Ier se venge en brûlant Chartres et son église !
Un deuxième sanctuaire, plus vaste, est donc érigé en remplacement. Malheureusement, il est également détruit par le feu, cette fois-ci lors d’un raid mené par des Vikings en 858.
Un troisième monument, de style carolingien, voit rapidement le jour grâce à l’évêque Gislebert. Il en subsiste aujourd’hui le site de la crypte dite de Saint Lubin, dont le plan va influencer ceux des futures constructions.
© François Lauginie / Centre des monuments nationaux
La cathédrale romane
En 1020, un incendie se déclare : la cathédrale disparaît à nouveau dans les flammes. Immédiatement, l’évêque Fulbert lance le chantier d’une église de style roman.
Celle-ci abrite une sainte relique, appelée la « Sainte Tunique ». Offerte par le roi Charles le Chauve en 876, qui la tenait lui-même de l’impératrice Irène de Byzance, elle aurait été portée par la Vierge Marie le jour de la naissance du Christ. Sa présence va largement participer au rayonnement religieux de la ville, car de nombreux pèlerins se déplacent pour la voir.
© Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux
La construction de la cathédrale de Chartres, pionnière du gothique
Malheureusement, le feu endommage le monument une fois de plus en 1194. Seules la crypte et la façade sont épargnées.
Pour le rebâtir, l’évêque Renaud de Bar, cousin du roi Philippe-Auguste, lance un chantier exceptionnel. Des techniques architecturales inédites sont utilisées, comme les voûtes en croisées d’ogives, des arcs qui se croisent en diagonales. En moins de 25 ans, le gros œuvre est achevé !
Notre-Dame de Chartres devient l’une des premières grandes cathédrales gothiques. Sa nef mesure 16,40 mètres : c’est la plus large de France ! Quant à sa voûte, elle s’élève à 37,50 mètres. Ces dimensions montrent la volonté d’élever des monuments plus vastes et plus lumineux, qui exprimeront la ferveur religieuse des fidèles. Mais le plus important, c’est que les bâtisseurs emploient ici pour la première fois les arcs-boutants. Ce système améliore la stabilité du monument et permet de libérer l’espace intérieur, puisque tout le poids est supporté à l’extérieur.
Cette innovation va influencer d’autres projets similaires à Amiens, Reims et Beauvais. De quoi donner à Notre-Dame de Chartres une place centrale dans l’histoire du mouvement gothique !
Découvrez aussi les merveilleux vitraux de la cathédrale de Chartres.
Gilles Codina
Focus sur les tours de la cathédrale
Majestueuses, les deux tours sont l’une des particularités de Notre-Dame de Chartres. Ce qui vous surprendra sans doute, c’est qu’elles sont complètement différentes !
La tour sud, ou « clocher vieux »
La tour du vieux clocher est la plus ancienne et mesure 103 mètres de haut. Érigée vers 1150, elle représente une véritable prouesse architecturale. Rendez-vous compte : les tours de Notre-Dame de Paris, dont les travaux commencent en 1163, n’atteignent « que » 69 mètres !
La forme octogonale du sommet rappelle certains bâtiments de style roman, comme la tour Charlemagne de l’abbaye de Charroux. Sa flèche, effilée, est décorée d’une lune. Au XIXe siècle, sa silhouette unique inspira plusieurs poètes, dont le français Charles Péguy.
© Gilles Codina / Centre des monuments nationaux
La tour nord, ou « clocher neuf »
En 1506, la flèche de la tour nord est détruite par la foudre. Le maître d’œuvre Jehan le Texier la remplace dès 1513 par une nouvelle flèche, dans le style gothique flamboyant. Le résultat est une véritable dentelle de pierre, haute de 113 mètres et surmontée d’un soleil. Tout simplement magnifique !
Le clocher abrite six cloches, dont trois bourdons pesant entre 10 et 15 tonnes ! Lorsque survient la Révolution française, elles sont fondues pour fabriquer des canons et des pièces de monnaie.
© Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux
1836, l’incendie de la cathédrale de Chartres
En juin 1836, un feu accidentel embrase l’église. La toiture en plomb est dévastée, de même que la charpente en bois surnommée la « forêt ».
Cette fois-ci, une charpente métallique est mise en place pour résister au feu. Quant au toit, il est refait avec des plaques de cuivre. En s’oxydant au contact de l’air, celles-ci ont d’ailleurs pris une couleur verte !
Une dizaine d’années plus tard, en 1848, Notre-Dame de Chartres fait l’objet d’un grand chantier de restauration. L’architecte Jean-Baptiste Lassus, collaborateur d’Eugène Viollet-le-Duc, en assure la direction.
Elle est classée monument historique en 1862 et ses tours sont aujourd’hui ouvertes à la visite par le Centre des monuments nationaux. N’hésitez pas à grimper au sommet : un panorama fantastique vous attend !
© Gilles Codina / Centre des monuments nationaux